Addiction : le désir ardent de quelque chose de plus

L’addiction comme stratégie de compensation

Cela t’arrive-t-il parfois ? Tu surfes toute la journée sur Internet ou tu regardes constamment ton smartphone pour voir si tu as reçu un message, un like, un commentaire ou un quelconque signal qui te donne le sentiment d’être connecté et apprécié. Tu ne réalises dans ces moments pas combien le temps passe vite et à quel point tu n’as pas vraiment vécu ta journée.

De nos jours, il existe de nombreux moyens d’anesthésier la douleur, l’agitation intérieure ou le vide et d’échapper à nos propres pensées et sentiments négatifs. Les personnes ayant vécu des expériences traumatisantes, en particulier, ont plus souvent tendance à utiliser des drogues ou à adopter des comportements de type addictif comme stratégies de compensation. Les addictions peuvent apporter à court terme un soulagement « rapide » pour ne pas ressentir les symptômes insupportables, mais, en réalité, les problèmes augmentent et le cercle vicieux s’installe.

Il existe beaucoup de types d’addictions différents : à Internet, à la pornographie, à la nourriture, à l’anorexie, à l’alcool, à la nicotine, aux drogues... Mais ils ont tous quelque chose en commun : derrière chaque addiction se cache un désir ardent et profond, qui aspire à être satisfait.

Derrière chaque addiction se cache un désir

La question n'est pas : comment sortir de l’addiction, mais plutôt : qu’est-ce que je recherche vraiment lorsque je me tourne vers des substances addictives ? Quelles sont les aspirations profondes qui ne sont pas satisfaites chez moi et comment puis-je combler mon vide de manière durable ? 
L’addiction est liée à une recherche. C’est la recherche de quelque chose qui comble le vide intérieur que l’on ressent au plus profond de soi.

En tant qu’être spirituel, l’homme est fait pour le Ciel, pour une extase sans fin. Rien de ce qui est éphémère et limité dans le temps – même les relations humaines, aussi belles et constructives soient-elle – ne peut combler l’homme de manière durable et complète. Les drogues et autres substances addictives le peuvent d’autant moins.

Le seul élément qui apporte durablement la paix intérieure à l’homme, c’est quelque chose qu’il ne peut pas perdre. Quelque chose qui est éternel. Au plus profond de lui-même, chaque être humain aspire à l’éternel, que nous, chrétiens, identifions à Dieu. Lui seul peut satisfaire les désirs les plus ardents et profonds.

L’addiction nous fait troquer la liberté contre l’esclavage

Les substances addictives, qu’il s’agisse d’alcool ou de médicaments, et plus encore de drogues illégales comme l’héroïne ou la cocaïne, altèrent la conscience, déforment la perception de la réalité et, petit à petit, ruinent la santé. Elles échangent la liberté contre l'esclavage.

Les substances qui créent une dépendance affaiblissent la volonté. La personne dépendante devient beaucoup plus vulnérable aux attraits du mal. L’apôtre Pierre l’exprime ainsi : « Soyez sobres, veillez : votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. Résistez-lui avec la force de la foi » ! (1 Pierre 5, 8)

La dépendance aux substances addictives peut se traduire par différents symptômes, comme le besoin compulsif de doses répétées, l’affaiblissement de la concentration, les troubles de l’identité, les crises d’angoisse et de panique, les dépressions, les hallucinations, la déficience immunitaire, les dommages infligés aux organes, la stérilité, l’infarctus du myocarde et, bien souvent aussi, la mort. Mais le chrétien ne doit pas être esclave de ses propres désirs et addictions ; il est bien plutôt appelé à la liberté !

La consommation de substances addictives est un péché. Pourquoi ?

La consommation de drogues et d’autres substances addictives est un péché parce qu’elle nous prive de notre liberté intérieure et parce qu’elle est un acte d’autodestruction, et donc une atteinte à la vie. (Cf. YOUCAT 389)

Le christianisme nous enseigne que Dieu seul est le maître absolu de la vie de l’homme. Même de son corps : « Ne le savez-vous pas ? Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint, lui qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu ; vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes, car vous avez été achetés à grand prix. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps » ! (1 Cor 6,19-20)

La personne dépendante doit prendre conscience que ce qu’elle fait n’est pas bon. Ni pour elle, ni pour son entourage. Et qu’elle pèche lorsqu’elle met consciemment et volontairement sa santé en danger.

Le chemin vers la guérison

La personne dépendante, si elle souhaite être libérée de son addiction, doit rentrer en elle-même et se demander : pourquoi est-ce que je fais cela ? Quels sont les désirs qui ne sont pas satisfaits en moi ? Comment est-ce que je vis ma vie ? Comment combler le vide que la drogue, l’alcool, les jeux de hasard, la pornographie, la nourriture excessive, etc. tentent de masquer ? Comment reprendre le contact avec moi-même et avec les autres ? Et surtout, comment entrer en contact avec Dieu ?

Dans l’Église catholique, la réflexion sur ses propres pensées, sentiments et comportements est aussi appelée « examen de conscience ». Il est souvent lié à la préparation au sacrement de la confession. Dans un examen de conscience, le croyant reconnaît ses péchés et s’en repent. Il prend la décision de s’améliorer à l’avenir et promet de fuir toute tentation qui pourrait le conduire à commettre un péché.

Dans le Sacrement de la Réconciliation, l’Église catholique offre la possibilité d’une guérison en profondeur. Dans chaque confession, le pouvoir du péché est brisé et l’on devient peu à peu plus libre et plus fort pour lutter contre ses propres faiblesses et addictions.

Il est fortement recommandé de combiner un accompagnement spirituel (confession, entretien spirituel), avec un soutien psychologique professionnel sous forme de thérapie. Il existe de nombreuses organisations ecclésiales qui soutiennent les personnes en situation de crise et leur permettent de prendre un nouveau départ.

Fais de ta vie quelque chose de grand. Il n’est jamais trop tard.

Dans sa jeunesse, Saint Augustin d’Hippone (354-430) a mené une vie dépravée. Il a cherché son bonheur dans des endroits où il était impossible de le trouver, jusqu’à ce qu’il rencontre Dieu ! D’une personne « addictive », il est devenu un écrivain, un théologien et un évêque. Et un saint Père de l’Église ! Augustin a pu laisser son passé derrière lui parce qu’il a pu se pardonner à lui-même. Mais surtout, il s’est laissé pardonner par Dieu, toujours et encore, jusqu’à devenir un saint !

Toi aussi, tu es appelé à la sainteté. Peu importe où tu te trouves maintenant. Il n’est jamais trop tard. Ne te contente pas d’une satisfaction passagère. Tu as tellement plus de valeur ! Seul Dieu peut satisfaire tes aspirations profondes. Il souhaite t’aider. Mais tu dois le vouloir. Aie du courage !